jeudi 21 septembre 2017

Extrait de SOUVENIRS D'EN FACE -tome 3- de Hubert Zakine (A PARAITRE EN 2018)



Les amis y rappliquent. Même pas j’les calcule. Elizabeth, elle me demande avec sa voix caramélisée si je veux la ramener jusqu’à chez elle. Moi, je pense qu’elle veut peut-être me faire visiter sa buanderie. Elle me fait les gros yeux. Rien que pour narguer les amis, je les laisse en plan et je raccompagne la demoiselle. Marcher avec elle, même si je lui donne pas la main, ça me fait quelque chose. Avec Julie, même pas, je faisais cas alors qu’elle me laissait tout faire mais, Elizabeth, on dirait qu’je marche avenue d’la Bouzaréah avec une fille trop classe pour un gavatcho comme moi. Gavatcho ou pas gavatcho, je fais un pari avec moi-même, houlà, si j’lui donne pas un baiser dans une entrée de maison de la rue cavelier de la salle. La maison de Martoune elle est très sombre. Je l’entraine  et adrop ninette, je la coince et je la bécote comme un chef. Purée, elle aime ça……elle fond…..elle sait pas trop mais elle se laisse faire….ses tétés je les laisse tranquilles…….les baisers y s’éternisent……putain, ses lèvres……mieux que du caramel Fausta de mon enfance.

Ca y est ! Elle s’est lâchée avec le gavatcho de service…….attends ta mère, la prochaine fois, je l’emmène au cinéma et après, y faut que je trouve une bauanderie.



Roland, avec l’expérience d’un ex-puceau, toujours y me conseille.

--Qué tu nous emmerdes avec les filles ? (il est très grossier quand il est en colère) Y en a pas une pour racheter l’autre.

--Et alors, comment je fais ?

--Tu laisses pisser !

--Ouais, mais c’est des mots tout ça ! Alors, tu dragues plus, tu bécotes plus, tu touches plus…..

--Va te toucher, va

--Moi, la vérité, je préfère la toucher ! Heureusement, la plaisanterie elle fait mouche à chaque fois  ou sinon, y se fâche.

C’est bien simple, j’le reconnais plus, mon Roland ! Y me fait le même coup qu’avec Julie. J’vais plus lui raconter mes fredaines et puis, c’est tout !!

Les amis y sont péteux depuis l’affaire du cinéma. Y me connaissent, y savent que j’peux être mauvais comme une teigne mais pas avec eux. Ça me passe plus vite qu’un avion à réaction même si zarmah je leur en veux.

Ma mère, elle est pas contente. J’ai arrêté le lycée pour rentrer au Trésor, avenue du 8 novembre. Aouah, l’école et moi, ça a jamais collé. Notre idylle, c’était du zbérote. J’ai aimé qu’un ou deux profs et puis basta ! Papa Aïach et à la rigueur, Belao.

Purée, pour entrer au Trésor, j’ai passé un examen que même les analphabètes y réussissent brillamment tellement c’est facile. Voilà, je suis dans un bureau aéré qui donne sur la Place du Gouvernement. La classe. En plus dans mon bureau, y a deux canus, mais des vrais  canus, pas des canus à moitié canus, qui ont 19 ans. Je sais, elles sont trop grandes pour moi mais qui c’est qui peut m’empêcher de rêver ? Dès le premier jour, elles m’ont pas calculé. Alors, comme j’suis pas nul en calcul et comme j’ai pas froid aux yeux, je les ai fait rire. Depuis, elles m’ont à la bonne. Elles croient pas qu’je suis Jerry Lewis mais, au moins elles me parlent.

Et j’ai l’air moins torrène à côté d’elles.


Mon chef de service lui aussi y m’a à la bonne. Y s’appelle Mamane comme ma tante, la sœur de ma mère qu’elle a épousé Prosper Mamane. C’est d’la famille éloignée mais le principal, y fait partie d’la famille. Chez moi, tout le monde y me voit monter en grade fissa, fissa surtout ma mère, total, je suis seulement vacataire, je vaque ! Je sais que j’dois d’abord être auxiliaire et ensuite titulaire. Haréné harassé ! Ça veut dire : c’est pas demain, la veille ! 
A présent, ma mère elle a trois salaires pour faire vivre sa famille. Raïbah, acheter juste ce qu’elle avait  besoin pour faire à manger à ses trois morfals,  abandonner le carnet de crédit de mon épicière, madame Bazas, c’est bel et bien fini. Ça lui fait tout drôle de payer rubis sur ongle ses achats, y a pas à dire, ça la change. Mais attention le gaspillage, un sou c’est un sou. Quand on n’a pas l’habitude d’avoir de l’argent dans les poches, on est tentés de dépenser. Peut-être pour les autres mais pas pour nous. On a été élevés à la bonne école de ma mère, va ! Alors, si jamais, y en un qui dérape, mon commandant de frère aîné, il a tôt fait de nous remettre sur le droit chemin. Le zig zag, y connait pas. Mais quand même, quand même, ça fait du bien de se sentir comme tout l’monde.



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